En parentalité bienveillante, nous apprenons que, lorsque notre enfant a un comportement inadapté, nous devons nous connecter à notre enfant, avant de vouloir modifier son comportement. C’est le fameux « connect before correct » de Marshal Rosenberg, fondateur de la communication non violente. Se connecter avant de rediriger son enfant.
De même, lorsque notre enfant est sous le coup d’une émotion intense, nous avons appris à faire le reflet émotionnel de son vécu. C’est-à-dire à se mettre à sa place, à essayer de comprendre ses émotions, pour pouvoir le rejoindre là où il est. Nous pouvons alors dire « je vois que tu es en colère », « tu es l’air contrarié ».
Or, pour l’avoir expérimenté, je constate que l’intention est bonne mais que la réalisation est parfois difficile. Bien sûr, je suis intimement convaincue que c’est de la connexion véritable à notre enfant que nous pouvons gérer toutes les situations avec souplesse et créativité. Je suis donc tout à fait en accord avec ce principe et je promeus cette approche de la parentalité bienveillante.
Il y a simplement un manque selon moi dans ce principe : c‘est la connexion du parent à lui-même.
C’est pourtant la clé d’un véritablement shift dans la relation à vos enfants.
Observons quand nous cherchons à nous connecter à notre enfant, sans passer par nous-même. Je prends l’exemple de mon fils lorsqu’il se met en colère et devient agressif. Une part en moi se dit « je dois me connecter à lui, comprendre ce qui le met en colère ». C’est donc la part « parent bienveillant sauveur » qui est présente. Cette part de moi veut, se force à aider mon enfant à sortir de cette crise de colère. Qui pense que c’est à elle de faire quelque chose pour que son fils aille mieux. Elle a un projet pour son enfant.
Puis, quand je vois que cela n’y fait rien, je sens l’agacement puis la colère monter de mon côté et mon cœur se ferme à mon enfant. C’est une autre part plus directive qui me dit « il faut lui mettre des limites, cette agressivité n’est pas tolérable », « je dois me faire respecter ».
Je passe donc du parent qui veut être bienveillant au parent qui éclate d’un coup. Mais, en fait, pendant tout le processus, je n’étais jamais véritablement connectée à mon enfant.
Ce qui a fait un véritable changement, c’est lorsque j’ai regardé à l’intérieur de moi ce qui se passe. Je réalisais alors que, pendant que j’étais désespérément en train de me connecter à mon enfant, une petit voix en moi disait « encore une crise de colère à gérer, oh non. mon enfant a un problème à être agressif comme cela. Ou je suis une mauvaise mère si mon enfant continue à faire des crises de colère ». En fait, je prenais cette crise comme une attaque personnelle, sans vraiment le réaliser, car je n’étais pas connectée à moi-même. Mais, mon enfant sentait énergétiquement mon jugement.
En pouvant accueillir ce qu’il y avait de présent à l’intérieur de moi, j’ai senti de l’espace se créer en moi. Et j’ai aussi pris conscience de ce que cette colère réveillait en moi de vieilles blessures du passé. A quel point cette situation me renvoyait à moi-même, malgré ma bonne volonté de « maman bienveillante qui veut accueillir la colère de son enfant ».
Or, on ne peut véritablement accueillir l’autre qui si nous nous accueillons nous-même, dans notre authenticité.
Tournons d’abord le regard sur nous-même avant d’accourir vers notre enfant. et réalisons que la bienveillance commence d’abord soi-même. Sinon, elle ne peut être donnée à l’autre.
Après cette introspection, le calme à l’intérieur de moi est revenu. J’ai pu alors sentir de la compassion pour mon enfant et l’état extrême qu’il vivait. Mais je n’avais pas la volonté d’améliorer les choses, simplement qu’il puisse sentir ma présence auprès de lui.
Une fois la crise passée, nous avons eu mon fils et moi un moment de connexion vibrante d’une intensité comme rarement connu auparavant.
La connexion à soi, seule porte d’entrée à la connexion à son enfant.
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